Recherche d'efficience par la pratique du tai chi chuan

Recherche d'efficience par la pratique du tai chi chuan

Éveil à d’autres modalités

Le chemin vers l’efficience est en fait une longue route. Aucun geste en tai chi chuan n’est donné une fois pour toutes. La sensation n’est donc pas figée dans une forme unique et close. Chaque forme est par ailleurs une matrice de mouvements, de sensations, de potentialités de transformation du corps. La pratique devient alors éveil à d’autres modes de perception, de représentation et d’action. Le travail intérieur s’inspirant de l’ancienne alchimie taoïste utilise ainsi la force opérante des images intériorisées.

La puissance de l’intention

« Tout est une question d’intention » : telle est l’idée maîtresse du traité attribué à Zhang San Feng, fondateur mythique du tai chi chuan. Le pratiquant qui a suffisamment exercé son corps découvre qu’une légère modification de l’intention modifie la distribution des forces, la répartition des points d’appui, la localisation du centre. Le choix des images émulatrices transforme l’équilibre dynamique global.

Cette prise de conscience fournit les outils d’une véritable transformation intérieure. L’évocation/invocation/convocation des éléments, des animaux, des situations de la vie quotidienne ainsi que la remémoration des images et sensations de la pratique des mains collantes et des applications permet d’habiter la forme de diverses façons et d’expérimenter d’infinies modulations subtiles des énergies.

Efficience par soustraction

Pour la tradition taoïste, l’efficience provient du non-agir. Comment atteindre cette efficacité en creux, cette démultiplication des effets par soustraction ? Il s’agit d’abord de comprendre que cette action sans contrainte n’a rien à voir avec la désinvolture, la passivité ou l’opportunisme.

De longues années de pratique, de recherches, de questionnements, de remises en question sont nécessaires pour user et éteindre la volonté et la remplacer par un dispositif au sein duquel la visée se réalise comme d’elle-même. Succomber à la loi du moindre effort, c’est se priver définitivement des moyens d’abolir ultérieurement l’effort.

Tai chi chuan occidental

Dans la recherche de l’efficience, les tai chi chuan légendarisés, exotisés, marchandisés conduisent à coup sûr à des impasses. L’expérience m’a montré que l’efficience ne s’acquiert que dans un art qui résonne avec nos images, perceptions et représentations.

Le tai chi chuan évoqué ci-dessus est un tai chi chuan très concret et bien réel dont presque personne ne parle : le tai chi chuan occidental. La Chine a réinventé ses arts martiaux au début du 20ème siècle. Depuis le milieu du 20ème, l’Occident les réinvente à nouveau en fonction de ses horizons d’attente.

Édito revu Espace Taiji n° 88 (2ème partie)

Crédit photo : Almereca